Réseau d'aide au RASED !
Comme vous l'avez probablement déjà entendu, le Réseau d'Aide Spécialisée aux Elèves en Difficulté va progressivement être supprimé, privant des milliers d'enfants en difficulté d'une aide de qualité. Le gouvernement veut ainsi récupérer 3000 postes d'enseignants (les personnes du RASED sont des professeurs des écoles qui se sont spécialisés) en ramenant 3000 postes de RASED devant les classes à la rentrée prochaine. Il peut ainsi supprimer 3000 postes au concours de professeur des écoles... et faire en sorte que les ceux-ci gèrent seuls les élèves en difficulté dans leur classe en jouant à la fois les rôles de spécialiste de la pédagogie, de spécialiste de la rééducation ou de psychologue que jouent encore actuellement les membres du RASED. Ces suppressions de postes vont amener des économies, certes ; mais sont-elles un bon investissement quand on sait que la soit-disant priorité du gouvernement est la réussite de tous les élèves ?
Une pétition est en ligne pour sauver les RASED.
[01/12/08 : 200 000 signatures recueillies ! Si ce n'est pas un cri du coeur pour sauver les RASED, je ne sais pas ce que c'est ! M. le ministre doit l'entendre !]
Vous ne pensez pas que ces deux heures de soutien hebdomadaires sont une bonne idée?
Je ne dis pas ça. Plus on a de temps pour s'occuper des enfants, mieux c'est. Mais la méthode proposée ne peut en aucun cas être efficace. C'est tout de même un manque total de connaissance de la vie scolaire que de proposer deux heures de soutien, à caser dans la journée, soit le matin, soit le soir, soit pendant la pause déjeuner, et de supprimer les Réseaux d'aides dans lesquels on a des personnes formées pour ça, dont c'est le métier.
Que pensez-vous de l'annonce de Philippe Court -directeur de cabinet du ministre de l'Education nationale- de la réaffectation et la sédentarisation de 3000 postes de maîtres spécialisés pour remplacer les départs en retraites de certains enseignants?
C'est une chose terrible. Le ministère n'a pas encore compris que ce n'est pas une question de chiffres mais une question de méthode. Il ne réfléchit qu'en terme de profits économiques, c'est une démarche comptable: où puis-je supprimer des postes et faire encore plus d'économies?
Ce qu'on va faire à ces personnes, c'est horrible. Voilà des gens dont la vie est dédiée à l'aide des enfants en difficulté. Ce sont d'anciens instituteurs, des psychologues, qui sont sortis de leur classe pour leur formation, qui ont acquis un certain nombre de compétences, qui se sont investis personnellement pendant des années. Si on les oblige à réintégrer ces classes, humainement, ce sera une rupture. Ils vont le vivre très mal.
Bien sûr, théoriquement, le maître spécialisé est un ancien instituteur, mieux formé, ayant un autre regard, donc il peut remplacer un enseignant qui part à la retraite. Mais c'est dénigrer tout le travail qu'il a accompli.
Pourquoi les Rased sont-ils visés en premier par ces réductions de poste?
La tentation était trop forte, parce que ce sont des postes cachés: le public ne connaît pas bien le rôle de ces enseignants qui s'occupent d'enfants en petits groupes. Lorsqu'on supprime des emplois dans une entreprise, lorsqu'on veut gratter quelques économies, on supprime en périphérie, on ne supprime pas les postes visibles. Si on supprime un poste d'instituteur, cela se voit, une classe ferme.
Or, ce que n'a pas compris le ministère, c'est que les Rased sont le support de l'Education nationale. Leur travail s'évalue à long terme. Dans quelques mois, on va se rendre compte que ce qu'a fait Xavier Darcos est catastrophique, en plus d'être méprisant pour la profession.
A titre d'illustration, les parents d'élèves ont reçu cette année un livret d'information du ministère de l'Education nationale intitulé "guide pratique des parents, donnons des couleurs à la réussite". A la rubrique "Comment votre enfant sera-t-il aidé?", les Rased ne sont même pas mentionnés. Xavier Darcos ne pouvait pas faire plus symbolique. Les maîtres spécialisés ont donc décidé d'envoyer une lettre, eux aussi, aux parents d'élèves, pour dire qu'ils existent, même si le ministre de l'Education nationale n'a pas cru bon de parler d'eux.
[Edit 05.12.08 : L'action des RASED est bien expliquée dans cette note de VousNousIls.]
Ci-joint, un petit bilan d'une rencontre chanceuse lors d'un stage d'observation : RASED_rencontre_maitres_E_et_G